Charles VII by Philippe Contamine

Charles VII by Philippe Contamine

Auteur:Philippe Contamine [CONTAMINE, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie, Histoire
Éditeur: Perrin
Publié: 2017-08-14T22:00:00+00:00


La première campagne de Guyenne

Restait donc la Guyenne : une tâche militairement plus aisée car ce duché, malgré son intérêt économique et sa relative richesse, était périphérique par rapport aux intérêts anglais mais aussi plus difficile dès lors que la majorité de la population se souciait fort peu de passer sous la domination pesante du roi de France. S'agissait-il d'une conquête ou plutôt, comme on le soutenait du côté de Charles VII, d'une reconquête, même si le duché était réputé perdu depuis trois siècles, ce qui renvoyait au temps où Aliénor, duchesse d'Aquitaine, était reine de France de par son mariage avec Louis VII ? La question de la prescription ne se posait-elle pas ?

Dès 1450, Bergerac fut prise et les gens de Bordeaux subirent une lourde défaite le 1er novembre.

L'année suivante, Charles VII, avant même de s'installer au château de Taillebourg qui dominait la Charente, confia la direction des opérations à Dunois et au comte de Clermont. La campagne commença en mai. Le 12 juin, Bordeaux ouvrait ses portes, non sans avoir obtenu des conditions avantageuses pour le présent et pour l'avenir. Bayonne fut plus longue à se soumettre : elle ne le fit que le 20 août, après l'apparition dans le ciel d'un signe surnaturel qui donnait raison à la croix droite blanche des Français, contre la croix droite rouge de leurs adversaires. La nouvelle du miracle, dont Dunois en personne attesta l'authenticité, fut largement diffusée : la ville de Tours tint à récompenser les deux chevaucheurs de l'écurie du roi qui lui apportèrent les « nouvelles de la reddicion de Bordeaulx et Bayonne et du miracle de la croix qui avoit esté veue au ciel le jour de la reddicion de la dicte ville de Bayonne497 ».

Le Héraut Berry, non sans vraisemblance, parle d'une armée imposante, bien ravitaillée et largement pourvue en artillerie : « Furent nombrez les gens d'armes et de trait XXm [20 000] combatans, lesquieulz firent grandement leur devoir à conquérir le dit païs498. »

Le 31 juillet 1451, Jacques Cœur, argentier du roi, fut arrêté à Taillebourg, sur ordre de Charles VII : son procès, on le verra, ne devait s'ouvrir que deux ans plus tard.

Un témoignage intéressant de la reprise en main du royaume en cet été 1451 est fourni par le discours prononcé devant Charles VII par l'ambassadeur de Philippe le Bon, Jean Germain, évêque de Chalon, pour l'inciter à la croisade. Or le prélat a été frappé, dit-il, de la sécurité ambiante. Il en a fait l'expérience au cours de ses cinq mois de déplacement, de Lyon à Anvers puis d'Anvers à Bordeaux. Et déjà les châteaux étaient rebâtis, les villes et les villages se repeuplaient. Tout cela à la gloire de Charles, roi de France, dit le Victorieux, qui était prié d'imiter David, Constantin et plus encore Charlemagne et Saint Louis, ses glorieux prédécesseurs. Naturellement, le roi demeura sur la réserve : il avait mieux à faire. Au surplus, il n'avait pas l'âme d'un croisé.

Avant de regagner les Montils, Charles VII passa l'automne en Poitou.



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